Huis Clos par Aurelie {Voir les commentaires}
Bonjour à tous et toutes,
Cette nouvelle session, intitulée “Huis Clos” vous est présentée sous une nouvelle forme, qui nous l’espérons, facilitera les échanges de commentaires.
Vous pourrez le trouver à cet endroit (clic !)
Bonne lecture et bons commentaires à tous et toutes !
Posté le 20.01.2009 à 14h30 dans #14 - Huis Clos, News
Bon, j’ai lu ta nouvelle, Aurélie !
En fait, au moment où je la lisais, je me suis reposé la question : qu’est ce qu’un huis-clos ? On est souvent habitué au huis-clos policier avec une énigme à résoudre et bien sûr la référence est l’œuvre de Sartre. En cherchant une définition plus généraliste, je suis resté sur ma faim. On trouve essentiellement une définition d’ordre juridique et c’est à peu près tout.
Manquant de définition précise, je me suis dit qu’un huis-clos était une histoire se déroulant dans un unique lieu, et que ce lieu devrait avoir une certaine importance.
D’où mon interrogation sur ta nouvelle, qui ne me semble pas vraiment être un huis-clos. Cela dit, je suis pas sûr que la mienne en soit un non plus.
Pour tout dire, je trouve ta nouvelle très classique en regard de ta production habituelle si bien que l’unicité du lieu m’a paru pour le coup à peine soulignée. Ce texte est fidèle à ton style, on est dans du “Aurélie” classique. Ce qui me dérange le plus, c’est que j’ai l’impression que ce texte aurait pu tomber dans pas mal de thème, tant j’ai le sentiment que le côté huis-clos est laissé de côté.
Mais avec le recul, je trouve que c’est un thème pas si évident qu’il en a l’air au premier abord.
Dernier point, je suis extrêmement déçu du peu de participations à cette session, j’avais choisi le thème car je savais qu’il intéressait beaucoup de monde et au final on est que deux à avoir produit quelque chose. Devant le manque d’effort général, je n’ai pas du tout envie de continuer, on peut considérer que c’était ma dernière participation au Write Club (RIP).
Je me suis posé la question aussi du Huis Clos et voici ce que j’ai trouvé:
“débats judiciaires hors de la présence du public / toutes portes fermées, sans que le public soit admis/ en petit comité, en secret” (Petit Larousse). j’ai donc opté pour “petit comité” et “toutes portes fermées” car les protagonistes ne sont qu’entre eux au moment de la discussion.
Ensuite, ta nouvelle aussi pose le problème du thème: est-ce bien un Huis Clos si tant est que l’un des personnages va et vient à sa guise ? Le problème est posé et si d’autres personnes venaient à commenter sur ces nouvelles le débat serait lancé dans l’article lié.
Quand j’ai vu que tu t’attaquais au monde des échecs, cela m’a rappelé une nouvelle précédente que j’ai été infoutue de retrouver (mais je ne pense pas que tu en fus l’auteur, Nico peut être ?) et me suis dit que malgré la complexité du jeu, on arrive toujours un peu à la même ambiance, à savoir deux personnages qui se scrutent, qui se pensent meilleur que l’autre. L’ambiance est bien posée, on sent l’animosité des personnages mais perso, je n’adhère pas à l’environnement (oui je ne sais pas jouer aux échecs, c’est trop duuuur !!! Je préfère un bon vieux tétris !! ;) ).
Sans ça, l’histoire est sympathique, toujours bien écrit, le petit jeune est un peu trop “magicien” (il arrive dans un nuage de fumée…) et le vieux un peu trop ermite à mon goût…
Voilà… Comme vous l’aurez compris, si personne ne se donne la peine de nous répondre, ce sera pour moi aussi la dernière participation…
Bon, je ne sais pas résister à une demande délicate, je vais donc tenter de vous livrer mes appréciations subjectives de vos travaux.
En introduction, je dirais que tout comme vous, je me suis posé la question de savoir si vos deux textes étaient vraiment des huis-clos, et on voit bien que tout dépend de la souplesse que l’on donne à ce terme.
Pour le texte d’Antoine :
Les sous-entendus étaient à mon avis un peu trop légers. J’aurais appuyé un peu plus fort pour détailler la crise, faire le lien ici et là-bas (c’est Cuba, je dirais, mais je n’en suis même pas sûr, je n’ai pas vérifié les dates sur le Net).
A l’inverse, j’aime bien les ouvertures du genre “nous ne sommes pas les seuls à jouer”. Qui donc peut bien jouer au même niveau que ces deux-là ? Moi ça m’intrigue :)
Pour le final, le pat n’est pas si mal vu, mais il peine à entrainer l’enthousiasme genre “ouha elle déchire cette fin”. C’est forcément tout en nuance et en demi-teinte, par définition, c’est un pat :).
J’ai bien aimé aussi l’idée de la pièce ouverte aux quatre vents (enfin, deux, techniquement, mais c’est bon, vous voyez l’idée) qui vient titiller le concept de huis-clos, ça change d’un lieu chargé et claustrophobique.
Pour le texte d’Aurélie :
Je trouve que nous ne sommes pas si loin d’un huis-clos, finalement. Perso j’aurais pastiché franchement le genre, en en rajoutant sur la sueur, le sentiment d’enfermement et même la terreur du père qui ne voit pas d’issu ^^ Là-dessus, je rejoins Tonio, le lieu est trop discret.
Sinon effectivement c’est une nouvelle Taliesque, avec des gens gentils et des sentiments tous doux même si un peu doux-amers, nous restons en terrain connu. Je l’ai trouvé agréable à lire ; j’ai bien aimé l’exploration des montages byzantins nécessaires pour maintenir le conte ^^
En fait le vieux et l’invité ne sont pas tout à faire des humains. J’ai peut-être pas assez insisté pour qu’on puisse comprendre facilement qui ils sont. Je me suis fait la réflexion après avoir terminé que le plus jeune sortait et venait comme il voulait.
sinon c’est JB qui avait fait une nouvelle sur les échecs, fort réussie par ailleurs.
Pour Max : j’ai malheureusement écrit la fin un peu dans l’urgence, j’ai bien senti qu’elle aurait pu être meilleure. Il s’agit bien de la crise de Cuba sinon ;)
Pour moi, un huis clos (au sens littéraire) entraine deux choses : un enfermement (ou un isolement, pour être précis), et une utilisation de cet enfermement comme élément déterminant de l’histoire. Les deux nouvelles ne suivent pas ce schéma, qui pourtant est intéressant à exploiter (mais surement difficile comme le fait remarquer tonio).
J’ai été un peu déçu par la nouvelle de tonio : le style est un peu surfait, ampoulé, avec des phrases un peu lourdes : la volonté stylistique est un peu trop appuyée et voyante… Sur le fond, je suis un peu passé a coté, même si je vois les allusions a la crise des missiles, je ne comprends pas le rapport avec ces deux personnes (j’ai loupé une référence ?).
La nouvelle d’aurélie : un dialogue bien mené, plutot marrant. L’idée est sympa, elle aurait peut être pu être poussée un peu plus loin : comment un enfant de 7 ans peut il prouver que le pere noel n’existe pas? il y avait peut etre la un champ à creuser de raisonnements et d’hypothèses que seul un gamin peut avoir.
On aurait aimé plus de nouvelles ! signé : le comité des lecteurs.
Je t’avoue que je vois pas trop ce qu’est un style “surfait”. Le pire c’est que j’ai pas l’impression d’avoir utiliser un style si différent. Je veux bien quelques exemples… Autrement le rapport entre la crise et les personnages, c’est tout le “fond” de la nouvelle ;)
Non mais sans déconner ?!
Je viens me la ronfler un peu, mais moi j’ai capté très (trop, dirais-je même) vite qui étaient ces deux gars. Je trouvais d’ailleurs que c’était un des problèmes de la nouvelle, les joueurs étant transparents et la crise reconnaissable (même si j’ai douté), il ne restait pas grand chose pour faire une chute, et c’est principalement ce que je reprochais à Antoine. Mais en fait il semblerait que tout cela était moins clair que je ne le pensais…
SPOILER
Allez quoi, un vieux aérien et un jeune hargneux, qui jouent depuis …longtemps… une partie qu’ils recommencent éternellement ?
Alors j’ai beaucoup aimé la nouvelle de Talie (attention aux fautes d’orthographe quand même!) même si pour moi, ça n’a pas grand chose d’un huis clos. C’est plus un face-à-face qu’un huis-clos. J’ai trouvé la nouvelle fraîche, amusante et j’ai eu un petit sourire aux lèvres en la lisant.
J’ai bien aimé la nouvelle de Tonio également. Certes, le style est un peu chargé par moments (je trouve que tu en fais trop sur certaines descriptions… d’ailleurs à chaque fois que je lis une de tes nouvelles, j’ouvre le dictionnaire lol). Certes, tu aurais pu renforcer les allusions (enfin ceci dit, c’est largement compréhensible, mais j’aurais bien rajouté un “vous prendrez bien un cigare, c’est de circonstance, non?” ;0) ). Mais c’est bien exploité et bien mené.
Juste un détail : je me suis renseigné sur le pat (je joue un tout petit peu aux échecs et je ne connaissais pas cette règle… le cas de figure étant assez rare, à vrai dire, je n’ai jamais assisté à ce cas de figure lors d’une de mes parties). Le pat ne peut arriver que si le joueur bloqué n’est pas en situation d’échec ET a le trait (ie c’est à lui de jouer).
Or là, c’est au diable de jouer. Il a donc de grandes chances de reculer une des pièces “bloquantes” lors de son tour pour que le vieux ne soit justement pas pat. Bon après, il peut être bloqué par 3 pièces et être en situation “2 des 3, quelles qu’elles soient, suffisent” (auquel cas le diable ne peut plus rien faire) mais c’est ultra rarissime.
D’autre part, même dans ce cas de figure, il lui suffit de mettre le vieux en échec pour qu’il ne puisse pas être pat lorsque le vieux aura le trait.
En général, le pat arrive plutôt sur une erreur/une bourde de celui qui mène.
Bon, je sais, je chipote mais vous vouliez des commentaires alors en voilà! ;0)
Bon alors on passera sur ma frustration de ne pas avoir participé à cette session, surtout vu son thème prometteur, j’avais deux idées, j’ai rien fait, pas d’excuse, blablabla, vous savez déjà tout.
En ce qui concerne les deux nouvelles présentées, la première chose qui m’a frappé c’est que, selon moi (plus de détails dans l’autre article), ces deux nouvelles n’ont absolument rien de huis-clos, et ne collent donc pas du tout au thème proposé. Ce qui est encore plus frustrant (’tain, huis-clos, quoi… :) ).
Pour la nouvelle d’Antoine, je l’ai trouvée globalement agréable, même si je suis complètement passé à côté de la référence historique (moi et l’Histoire, ça fait 12, alors la crise de Cuba… c’était des missiles en forme de cochons, c’est ça ? ^^). Je n’ai compris qui étaient les personnages qu’assez tardivement, en fait, et je pense que j’ai loupé certaines allusions. La seule chose qui m’a un peu gêné, malgré tout, c’est le style parfois un peu trop… trop. On sent une recherche stylistique, qui passe bien la plupart du temps (et qui correspond à ton style général), mais qui va parfois un peu trop loin. Je crois que c’est une critique qui t’avait déjà été faite il y a un moment, par moi ou un autre, et c’est dommage que tu aies décidé d’arrêter d’écrire parce que quand tu arrives à trouver le bon équilibre c’est plutôt classe. ;)
Pour la nouvelle d’Aurélie… hmmm, que dire, oui, encore une fois, c’est du 100% “Aurélie” (commentaire positif ou négatif, je ne saurais dire), mais là encore, voire plus que d’autres fois, j’avais vraiment l’impression en lisant d’entendre Aurélie, la femme, et surtout la maman, parler, plutôt que de lire une histoire. On a déjà parlé plusieurs fois de cette absence de décalage qui arrive parfois, et je suis le premier à dire que ça n’arrive que quand on connaît personnellement les auteurs, ce qui est le cas ici, mais là ça m’a gêné bien plus que d’habitude. Je sais que tes histoires flirtent souvent avec une sorte de “réalité réelle” (je sais pas trop comment dire, j’espère que vous comprenez), mais personnelement je préfère les “réalités fictives” (ou les “fictions réelles”, allez, ne chipotons pas :p ).
Sinon l’histoire elle-même est rigolote, même si je ne comprends toujours pas pourquoi on fait croire aux adultes que le Père Noël n’existe pas… :)
J’ai pas décidé d’arrêter d’écrire, simplement d’écrire pour le Write Club ;)
Hello !
Concernant la nouvelle d’Antoine :
Commentaire général : je n’ai pas particulièrement accroché à cette nouvelle. De manière générale, j’aurais tendance à dire que je n’ai rien à lui reprocher de bien grave, mais que je n’y ai rien trouvé qui m’ait vraiment branché non plus, que ce soit dans la forme ou dans le fond. Je vais tenter de détailler un peu tout ça :)
FORME :
J’ai aimé :
- comme d’habitude, c’est plutôt bien écrit. Ça se lit sans obstacle, on peut donc bien focaliser son attention sur ce que tu nous racontes. Le vocabulaire est riche sans être déroutant (juste : le verbe “jurer” n’est pas un blasphème en soi, par contre. Mais bon, c’est vraiment anecdotique). En bref, c’est un peu toujours pareil, je pense que si tu avais dans l’optique d’écrire un petit bouquin de SF ou de Fantasy et de le distribuer, niveau style pur et dur, ça passerait comme une lettre à la poste.
J’ai moins aimé :
- je-moi-je trouve la narration (et parfois le style) un peu académique. Pour le style, certains s’en moquent et pensent que seule l’histoire compte, c’est une préférence que je ne critique pas (car je la pense légitime), et je ne me risquerai donc pas à dire qu’un style académique est un défaut. En revanche, concernant la narration, je trouve, et particulièrement dans l’exercice de la nouvelle, qu’elle souffre moins bien la neutralité que ce dernier. Au final, comme le style et la narration ne m’ont pas émoustillé, ne me restait que le fond et, malheureusement, là encore, je n’ai pas vraiment accroché.
FOND
J’ai aimé :
- globalement, j’aime souvent tout ce qui joue sur la dualité et l’opposition, donc le tableau général était amusant. J’aime aussi l’Histoire, du coup, je trouvais sympa de baigner un peu dedans le temps d’une nouvelle (c’est un thème qu’on a rarement exploité).
- le truchement de l’imaginaire et du réel (un réel d’autant plus réel qu’il s’agit d’un évènement historique passé concret, et non d’un présent possible).
J’ai moins aimé :
- déjà, j’ai eu le sentiment d’un choix totalement immotivé de l’évènement historique décrit. Pourquoi la crise de Cuba en particulier ? On ne sait pas trop. Y’a-t-il un message ou est-ce simplement un évènement qui sert de support à la nouvelle de manière un peu arbitraire ? Apparemment, on est plutôt dans le deuxième cas de figure, ce qui m’a un peu troublé. En gros, je n’ai pas compris l’intention du texte : il n’est visiblement pas historique, il n’est pas non plus critique ; vu le thème assez pointu, il n’est compréhensible que par ceux qui ont la chance d’être au courant (je dis “la chance”, parce que compte tenu du nombre vertigineux d’évènements survenus dans la deuxième moitié du 20ème, pour des gens de notre âge, c’est presqu’une veine de le connaître, celui-ci) et n’est pas non plus particulièrement fun en soi ; ce n’est pas un texte d’ambiance, ni un texte à chute… Enfin bref, en résumé, je n’ai pas tellement saisi ce que tu voulais nous proposer. Je sais aussi que j’aime bien décortiquer un peu et que j’ai parfois un peu de mal avec ce qui me paraît un peu gratuit, ma remarque est donc à prendre avec des pincettes. Pourrais-tu nous parler un peu de tes intentions ?
- ( S P O I L E R ) concernant les personnages : il m’a semblé dès le début qu’il s’agissait de Dieu et du diable, j’aurais donc tendance à dire que si tu voulais travailler le mystère autour de leurs identités (mais je ne l’ai pas senti comme ça), c’est un peu raté. Cela dit, vu que pas mal de gens sont passés à côté, j’ai peut-être juste bénéficié d’un coup de génie passager. Promis, ça ne se reproduira plus (:p). Enfin bon, pour moi, avec un peu de recul, c’était plus une sorte de silence entendu concernant les identités de ces deux personnages (tu donnes énormément d’indices, donc)… Qu’en est-il, finalement, M. ? ;)
- j’ai trouvé étrange la prise de position semi-tacite (si je ne me suis pas trompé sur l’identité des personnages) : Dieu = les US, le diable = l’URSS. Je ne sais pas si c’était ou non volontaire, mais cela m’a un peu décontenancé.
Voilà ! Je reviens bientôt pour les commentaires sur la nouvelle d’Aurélie !
Hello !
Merci pour ce commentaire très riche, je vais essayer de répondre à tes interrogations.
Tout d’abord, quand tu parles de style ou de narration académique, qu’entends tu exactement par là ? Ce que je perçois de ma nouvelle avec le recul, c’est que pour une fois il y avait beaucoup de dialogues, exercice dans lequel je ne suis pas sûr d’avoir vraiment réussi. En relisant, je trouve mes dialogues un peu laborieux.
[ SPOILER INSIDE ]
Sinon pour le fond, alors pourquoi Cuba. Ma première idée était de décrire la crise de Cuba vue de simples citoyens réfugiés dans un bunker quelque part aux USA. N’ayant pas réussi à écrire quelque chose de convaincant sur cette première intention, j’ai décidé de partir sur cette histoire un peu fantastique, tout en gardant le principe de la crise. L’idée était double : deux démiurges (que tu as correctement identifiés) jouent avec les humains à un jeu séculaire, j’aimais bien le côté marionnette avec d’un côté les joueurs qui considèrent tout ça comme un jeu (à la limite de la blague) et de l’autre côté les humains et la conséquence possiblement dramatique de la crise de Cuba.
Sur les personnages, je n’ai jamais eu l’intention de faire un grand mystère sur l’identité de mes deux personnages. S’ils ne sont pas expressément nommés c’est que j’avais décidé de ne pas donner un caractère religieux à ma nouvelle. En gros, ils sont UN dieu et UN diable, même si la description reste très judéo-chrétienne. Cela dit, bien que je n’ai pas été avare en description, certaines personnes n’ont pas du tout identifié les protagonistes.
Donc pour revenir à mes intentions, il s’agissait de jouer sur une des crises les plus graves du XXe siècle, et l’idée m’est venue en écrivant que le destin ne se jouerait pas sur une décision du Dieu ou du Diable, mais sur une troisième voie. J’ai laissé volontairement ouvert la troisième voie, mais pour moi, c’est le libre arbitre humain. Quand finalement le Dieu et le Diable ont fini de jouer avec eux, les humains finissent par prendre conscience qu’il vaudrait mieux éviter de s’auto-détruire. Bien entendu, je suis conscient que ceci n’est pas dit explicitement et que pour comprendre ma nouvelle, il valait mieux avoir relu la chronologie de la Crise de Cuba avant. C’est probablement ma plus grosse erreur, d’avoir supposé que les lecteurs en sauraient assez sur la crise ou iraient se documenter. Ce qui est couillon de ma part :)
Dernier point sur la prise de position. Et bien pas du tout :) En réalité, le Dieu cherche a maintenir une cohérence dans l’univers qu’il a créé alors que le Diable veut avant tout créer le chaos. Il se trouve que ce sont les actions russes qui ont le plus contribué à pratiquement arriver à une situation de guerre nucléaire, avant que Khrouchtchev lui-même désamorce la crise en faisant le premier un pas en arrière (mon fameux libre arbitre humain de la 3e voie). Il n’y avait pas de manichéisme outre que celui du Dieu et du Diable qui se mettent sur la gueule une nouvelle fois :)
[ /SPOILER INSIDE ]
Re :)
Merci pour tes réponses ! Je cerne un peu mieux ton texte, désormais.
Concernant les dialogues, sur la forme, ils ne sont pas si ratés que ça, je trouve. Dans le fond, ils ont souvent plus un rôle d’ambiance qu’autre chose, mais pourquoi pas ? En tous cas, ils ne m’ont pas gêné. Personnellement, j’en aurais peut-être moins mis, en en utilisant que s’ils avaient véritablement une importance (pour le déroulement narratif ou dans le fond).
Concernant le style et la narration académique, je pense que j’aurais effectivement dû détailler plus, car la remarque s’applique, selon moi, à la quasi totalité de nos productions et pas uniquement à ton texte. En gros, je pense que nous avons en tête un certain modèle de narration assez classique dans la forme (on pose le décors, on déroule, on clôt - souvent par une chute/révélation ; avec un temporalité très neutre - hormis, parfois, quelques ellipses comme dans « Welcome to the jungle » de Seb, par exemple, avec le principe du journal, ou la structure narrative découpée en mails de la nouvelle « Intrigue amoureuse » de Nico) comme dans le fond (on fouille assez peu nos idées, finalement, ça reste souvent très superficiel ; les textes de Max « Une plaidoirie », « Le vieil homme et l’enfant » d’Antoine et « Traqué » d’Élise vont un peu plus loin, je trouve). En gros, on a un peu tous en tête une façon, intuitive (trop ?), de “raconter une histoire” et on ne se permet que très sporadiquement de jouer avec la forme ou avec le fond pour servir nos intentions de conteur.
Au final, c’est comme si nous considérions, un peu naïvement, que l’écriture était un acte très instinctif (et sa maîtrise un talent inné : « on sait écrire ou on ne sait pas écrire ») et que, quasi chaque fois, nous nous lancions dans l’aventure sans équipement et sans presque aucune préparation, comme un ado lancé sur scène avec une gratte mal accordée et trois accords dissonants en poche. L’écriture est un artisanat et comme tout artisanat, des outils (comme les ciseaux à bois des ébénistes, par exemple) permettent de l’exercer avec davantage de précision et d’aboutir à des œuvres plus justes. L’écrivain, pour moi, est un trappeur et un manipulateur. Nos outils, nos armes, ce sont des pièges qui nous permettent (lorsqu’on a suffisamment de compétence pour les manier) d’orienter la lecture (comme on dévie le cours d’un fleuve), et de stimuler ainsi l’intérêt du lecteur. Des pièges, des outils, il en existe pour la forme : figures de style, champs lexicaux, manipulation de la structure temporelle du récit, etc. ; et pour le fond : personnages clichés, thèmes explosifs, rêve, tabous, etc.
Avec l’atelier, nous n’avons pas, je pense essayer d’apprendre à écrire autrement que par la pratique constante. Nous avons tenté l’approche « jazz manouche » de la discipline : on ne sait pas faire mais on gratte en suivant le rythme et en imitant ceux qui savent, et peu à peu, ça vient tout seul. Le souci, c’est que nous ne nous interrogeons finalement que très peu sur le domaine que nous essayons de maîtriser : nous savons ce qu’a à proposer l’écriture, nous avons une vague idée de ce que nous pouvons en faire, mais nous ne savons, finalement, que très peu de quoi elle est faite. Ce qui, je pense, a manqué à l’atelier jusqu’à présent, c’est cette notion d’apprentissage qui pourtant était au cœur du projet initial. Nous voulions « apprendre à mieux écrire ».
De vraies contraintes, des exercices, plus de prises de risque (comme Aurélie avec les dialogues et son texte « La fraise sur le gâteau »), voilà ce qui, je pense, nous a manqué :)
Si vous le souhaitez, je suis tout disposé à proposer un nouveau thème (de forme, cette fois, et non de fond), qui donnera une orientation un peu nouvelle à l’atelier (un peu dans l’esprit des contraintes qui avaient été données pour la session #7 – Poursuite).
Je vois ce que tu veux dire, mais je ne suis pas forcément d’accord avec tes suppositions sur la façon que chacun a eu d’appréhender ses nouvelles. Je te rejoins complètement sur le fait qu’écrire est un processus qui met en jeu une certaine maitrise de la langue - qu’on peut appeler connaissance des outils, et je ne suis pas du tout partisan du cliché franco-français qu’on “nait écrivain”.
Je ne sais pas comment mes nouvelles ont été perçues dans leur ensemble, mais j’ai à chaque fois cherché à faire “différemment” de la précédente. Bien sûr, j’imagine que j’ai mon style ( à notre niveau on pourrait peut-être plus parler de tics de langage ) et que des similitudes reviennent, mais sincèrement, j’ai toujours cherché à prendre les thèmes sous un angle différent.
Pour “Dans un bar”, j’avais cherché à reproduire les codes du roman noir, en essayant d’adapter mon champ lexical. J’avais également cherché à adapter la longueur des phrases à l’action.
Pour “Du sang sur les mains”, j’avais pris le parti de raconter une histoire par les yeux d’un monstre pas si monstrueux que ça. Le jeu était d’avoir un langage un peu barbare, un peu inadapté.
Pour “nouvelle de science-fiction”, c’est peut-être la nouvelle où j’ai le moins eu de recherche sur la narration, j’avais assez clairement en tête les livres d’Asimov ou A.C. Clarke. Sans prétendre les copier.
Après il y a eu “Le vieil homme et l’enfant”, et là j’ai cherché à m’approcher d’une atmosphère de conte, j’avais en tête les vieilles histoires qu’on peut se raconter au coin du feu.
Après il y a eu “Némésis et quatrième”. J’ai voulu reprendre ton texte et lui donné un côté mythologique, comme s’il sortait de l’Iliade ou de l’Odyssée.
Enfin, pour “Echecs”, j’ai voulu m’appuyer sur les dialogues. J’avais vaguement en tête la forme d’une pièce de théatre mais je n’ai pas osé aller jusque là, j’en suis donc resté à style plus classique.
Si j’explique mes intentions dans chacun de mes textes, c’est pour insister sur le fait qu’il y avait des intentions à chaque fois, et que je ne me suis pas contenté d’écrire de façon instinctive.
Cette précision étant faite, je ne prétends pas être arrivé à mes fins à chaque fois, ni même y être arrivé une fois. Mais en toute honnêteté, les outils dont tu parles, je n’en connais que trop peu. C’est d’ailleurs une discussion qu’on a eu plusieurs fois, sur le fait que je pouvais être bloqué parce que je ne me sentais pas à l’aise avec un thème (la fantasy me bloque complètement par exemple) ou avec une idée (j’ai eu plusieurs idées qui n’ont jamais vu le jour faute d’avoir pu les développer).
On en revient à la notion d’apprentissage, apprentissage qui me parait extrêmement délicat sorti de la pratique de l’écriture et la pratique de la lecture. J’ai jamais trouvé de “guide du champ lexical de l’héroic fantasy” ou de “maitrise de la structure du récit” ou encore de “les figures de style pour les nuls” ;)
Les thèmes ont souvent été trop libres ou trop centrés sur le thème de l’histoire. On aurait pu se lancer dans des choses plus périlleuses comme “écrire un poème”, “écrire un pur dialogue”, … Mais ce qui nous a manqué aussi ce sont de véritables échanges sur les nouvelles, et c’est d’ailleurs la première fois qu’on a des échanges écrits aussi structurés sur une session. Mais bon, je crois que pas grand monde était près à mettre l’investissement nécessaire quand on voit le peu de participations générales. Je m’exclue pas de ce constat.
Pour un éventuel nouveau thème, ça sera sans moi, j’ai été trop déçu de la dernière session.
Ayant pris le train en route, je n’avais pas forcément les mêmes attentes vis-à-vis du Write Club.
J’ai cru comprendre qu’une grande part de la déception ressentie venait du manque de participation et surtout, de retours et de commentaires, le “contrat” d’origine étant que participait qui voulait, mais les lecteurs commentaient, parce que le but des “auteurs” étaient de ne pas écrire dans leur coin mais d’écrire pour un public.
Personnellement, j’avais une vision plus proche de ce que propose Cédric ; le Write Club était l’occasion de se motiver à écrire, à tester différentes formes et/ou défis, et finalement l’important était d’écrire, pour soi, ai-je envie de dire, et qu’ensuite la participation et les retours des autres n’étaient que secondaires, même si la discussion autour de la construction du texte, de l’artisanat du texte, est intéressante et recherchée. Ce n’était clairement pas une vision partagée, j’en suis conscient maintenant.
Tout ça pour dire que je suis peiné de la mort quasi-officielle du Write Club, et que pour moi il y avait toujours moyen de continuer dans cette voie “atelier/exercice” quels que soient la participation et/ou les retours, même si c’est toujours mieux avec.
Commentaire général : J’ai trouvé intéressant que tu te prêtes de nouveau au jeu des dialogues, toi qui estimes ne pas être très à l’aise lorsque tu en écris. Si le texte, en soi, ne m’a pas branché (une simple question de centre d’intérêt), j’ai trouvé que le ping-pong-piège entre le père et l’enfant était amusant, assez fluide et moins maladroit que tes essais de dialogues précédents. Pour la forme, je la trouve plus adroite que dans tes trois, quatre dernières nouvelles, mais je trouve toujours que c’est légèrement en deçà de ce que tu faisais dans tes tout premiers textes. Globalement, ça m’a donné l’impression que tu écrivais avec moins de conviction et d’attention, et que tes nouvelles avaient, du coup (celle-ci y compris), un peu moins de profondeur.
FORME :
J’ai aimé :
- Les dialogues : notamment au niveau du rythme et de l’enchaînement. Globalement, je les ai trouvés mieux rendus que dans la Fraise sur le gâteau ou dans ton essai de sitcom. Au-delà de cette réussite, je trouve tout à fait dans l’esprit de l’atelier que tu te sois encore une fois jetée à l’eau en te confrontant à un domaine d’écriture que tu estimes mal maîtriser. C’est cool et ça paie, je trouve :)
- La narration « souvenir » : avec une narration au présent (côté nostalgique du narrateur) puis un dialogue qui est un présent dans le passé (comme si le souvenir était encore tout frais et que le souvenir de la conversation était intact à la virgule prêt). Je me répète, mais on ressent une certaine nostalgie du narrateur pour son enfance (confirmée par le ressenti final du père qui déplore que son fils grandisse). Avec cette cohabitation du présent et du passé la forme et le fond se rejoignent et rendent le tout plus cohérent du coup. C’est vraiment cooly.
J’ai moins aimé :
- le rythme de la narration : au début, les phrases sont étrangement ponctuées (des points là où des virgules auraient peut-être rendu le tout plus fluide). En résulte un rythme un peu haché qui n’est pas très harmonieux.
- Le style général : toujours moins fluide et élégant (et donc agréable) que dans tes premières nouvelles. Dans tes premiers textes, le style (à part quelques soucis de pronoms qui rendaient parfois le tout un peu confus) n’était pas un obstacle à la lecture. Récemment, je le trouve un peu moins travaillé (c’est peut-être dû à ta démotivation concernant l’atelier ?).
FOND
J’ai aimé :
- L’ironie de la situation qui voit le père agir avec la naïveté d’un enfant (il se ment en pensant que son « petit bonhomme » est toujours aussi innocent), et la maturité de l’enfant qui accule son père en lui mettant sous le nez tout un tas d’incohérences dans son discours, comme le ferait un adult .J’ai bien aimé cette inversion des rôles, très lucide et bien sentie.
J’ai moins aimé :
- objectivement : peut-être qu’on reste trop dans l’anecdote. J’aurais peut-être plus apprécié si tu avais poussé un peu plus avant le trip de la magie de l’enfance qui se dissipe (des deux points de vue : de celui de l’enfant dont un univers fabuleux s’écroule, et celui du père qui voit un peu s’échapper son l’innocence de son fils). Cela m’aurait nettement moins plu, mais tu aurais aussi pu jouer davantage sur l’émotion, rendre la chose plus poignante. En gros, ça ne va peut-être pas assez loin.
- plus subjectivement : le thème de la nouvelle en général. Ce n’est vraiment pas le genre d’histoire qu’il me plaît de lire ;)
- Une petite note : On fête Noël en Afrique ;) C’est un détail, certes, mais c’est le genre de maladresse anecdotique qui, dans d’autres situations (là ce n’est finalement pas bien grave), peuvent, selon moi, porter atteinte à la crédibilité d’un récit. Note que si c’est parce que c’est ce que pense l’enfant, je n’ai rien dit.
Merci à tous pour vos commentaires. Alors tout d’abord, oui, c’est vrai, au fur et à mesure des sessions, la volonté se faisait moindre. J’ai souvent écrit des textes à l’arrache pour qu’il y ait au moins un texte dans la session. Une session vide aurait entrainé une mort prématurée de l’atelier. Donc oui, tout était moins travaillé, moins bien pensé. Ensuite, je l’ai dit très tôt, je ne suis pas à l’aise avec les dialogues mais cela ne m’empêche pas d’essayer de continuer parce que c’est en s’entrainant qu’on s’améliore et je pense que c’était là un des buts aussi de cet atelier. J’ai adoré me mettre en danger et essayer des trucs nouveaux (faire le super méchant, même si j’aurai pu aller plus loin selon vous, je me suis déjà sentie aller plus loin que je ne pensais !)
La nostalgie que tu ressens vient de deux choses, déjà les fêtes venaient de se terminer et nous avons joué le jeu jusqu’au bout avec Petitbout et je m’imaginais la déception que l’on pourrait avoir, nous parents, le jour où cela se terminera, combiné à la déception de notre propre découverte. Si on reste dans l’anecdote c’est pour ça, parce que je m’imaginais CE moment, je ne voulais rien raconter d’autre.
Ensuite, bien sûr, je savais que ce serait mon dernier texte pour le Write Club. L’état dans lequel on écrit se ressent dans nos textes même si ce n’est pas ce que l’on veut montrer.
Et pour Noël en Afrique, oui c’est ce que pense l’enfant ! ;)
Pour le huis-clos, mes personnages sont dans un lieu fixe, n’en bougent pas et aucune intervention extérieure ne vient les déranger, rien ne vient sauver le père, même si vous avez tous l’air d’en douter, moi je le vois comme un vrai huis-clos avec sa scène d’interrogatoire (limite si on en faisait un film, après « où est ta sœur », on aurait pu mettre le père à la table avec une grosse ampoule sur la tête et faire un interrogatoire style vieux polars, enfin je dis ça mais c’est ma vision des choses) mais encore une fois, cela n’engage que moi ! ;)